Le parrainage d’événements sportifs ou culturels n’est pas inscrit dans l’agenda de la république. Il ne saurait par conséquent être une preuve d’intégrité ou de mal gouvernance ni de thème majeur dans la bouche des autorités étatiques.
Ce n’est d’ailleurs pas un programme encore moins un projet. Dans un pays où les secteurs de la vie socioéconomique marchent, la publicité et le sponsoring suffisent aux promoteurs pour faire fonctionner leur entreprise. Si la WWE est devenue si florissante, on le doit aux vertus managériales de M. Mc Mahon et surtout à la capacité d’innovation.
La lutte sénégalaise peut générer des milliards en investissant le créneau de la production audiovisuelle, elle peut mobiliser beaucoup de ressources publicitaires en acceptant de se moderniser, pas forcément dans la pratique purement sportive mais dans la professionnalisation des évènements.
Des évènements qui offrent de la visibilité aux publicitaires et proposent des produits connexes à l’événement, attirent forcément le public et les entreprises.Quant à la fanfaronnade des nouvelles autorités sur la mise à mort du parrainage d’événements, c’est juste de la gesticulation.
On ne peut pas cumuler les fonctions de maire et de député depuis fort longtemps et s’ériger brusquement en modèle de bonne gouvernance. La bonne gouvernance, c’est avant tout une culture, une morale, une conviction intime ; elle ne saurait se résumer à des déclarations ni à des gestes ostentatoires.
Il faut dire d’ailleurs que dans un pays où les choses marchent, les promoteurs sportifs et culturels n’ont pas besoin du parrainage intéressé des politiciens. Car, il faut le dire, comme les firmes qui sponsorisent ces événements, les politiciens cherchent de la visibilité à travers ces manifestations s qu’ils parrainent. Rien n’est gratuit dans ce monde : la preuve est que l’onanisme moral des politiciens cachent très souvent des calculs politiques.
Heureusement que les nouvelles autorités ont promis la promotion de la politique de transformation et de l’innovation. Si les bases d’une telle politique sont jetées, le sport et la culture pourront s’affranchir des calculs asservissants des politiciens. La vocation d’un homme politique n’est pas de faire de la magie, c’est-à-dire de croire à la vertu fécondatrice du verbe : c’est par des actes authentiques qu’on va changer la mentalité des Sénégalais.
On n’a pas besoin de proclamer urbi et orbi que c’est la fin des parrainages d’événements sportifs et culturels. Il suffit juste de mettre ce secteur dans une situation d’autonomie et refuser toute demande de parrainage.Le plus grand service qu’un gouvernement peut rendre aux citoyens, c’est de libérer les énergies qui sommeillent en eux en faisant disparaître les barrières objectives hostiles à leur épanouissement.
Il ne faut pas oublier que le sport et la culture font partie de la vie sociale, mais aussi qu’ils doivent être des outils de développement. C’est aux autorités d’investir dans ces domaines, et quand je dis investissement, ce n’est pas seulement en termes financiers : il faut développer des politiques de modernisation de la gestion de ces secteurs.
Et Dieu sait que la lutte peut rapporter des milliards dans ce pays. Un événement qui se prépare à huit mois de l’échéance est parsemé d’opportunités financières par la diversité et l’attractivité des produits qu’il génère en amont et en aval. Mais les promoteurs doivent également confier la gestion de leurs événements à de véritables professionnels. L’informel et l’amateurisme tuent la productivité, l’innovation et la richesse.
Alassane K KITANE