Le patronat sénégalais, en l’état actuel des choses, est plus un lobby d’hommes d’affaires qu’un organe représentatif, inclusif et digne porte voix du secteur privé auprès des pouvoirs publics et institutionnels. Beaucoup sont les acteurs économiques émérites qui ne s’y reconnaissent pas ou ne connaissent même pas l’existence du patronat.
La représentation actuelle et le rôle incarné par le pseudo patronat réduisent le statut de véritable représentant du secteur privé, auprès des pouvoirs publics et institutionnels, de task-force que cet organisation doit être et le positionnement qu’il doit avoir dans l’échiquier de la gouvernance économique nationale.
A la considération des ambitions d’émergence et de souveraineté industrielle, agricole, technologique et bref économique, de l’obligation de l’économie sénégalaise de migrer vers une économie de rente, il est impératif de repenser le patronat, réorganiser la représentation (elle-même) du secteur privé auprès des pouvoirs publics et institutionnels, d’abord en entités sectorielles statutaires regroupant les entreprises et les associations professionnelles d’un même secteur.
Ces entités sectorielles ou associations sectorielles seront les portes voix des entreprises de leurs secteurs respectifs auprès d’un Conseil d’Administration et du Conseil National de l’Entreprise créé au sein de la confédération générale des entreprises du Sénégal (COGEES), dont elles vont toutes mises ensemble en formé, par la même occasion, la grappe.Pourquoi une confédération générale?
D’abord parce qu’il est arrivé la période de la vie de notre nation, où il faut rompre avec la politique de la division du patronat ou du secteur privé pour mieux régner.Puis, une confédération générale des entreprises permettra à l’Etat de pouvoir enfin traiter avec une instance indépendante, inclusive et pleinement représentative de l’ensemble des acteurs économiques du pays, du formel à l’informel, des secteurs primaires, secondaires et tertiaires. Elle permet, par le mode de mise en place (modes consultatif, électif et d’adhésion), de rompre avec l’exclusivité accordée à un groupe d’hommes d’affaires qui ne représentent personne d’autres que leur propre intérêt et de l’ouvrir inclusivement à tous les acteurs quelle que soit leur échelle dans la chaîne des valeurs sectorielle.
La confédération générale des entreprises sera assez démocratique et outillée pour être un organe consultatif par excellence sur les questions de gouvernance économique de manière générale ou par secteur interposé. Elle se positionne ainsi en véritable task force, force de réflexion, de décision et ou d’influence). La confédération générale, tout comme les associations qui la constituent, auront pour mission au niveau sectoriel ou national, organiser les débats sur les sujets concernant leurs champs d’activités directs et connexes, surveiller, assurer la veille et évaluer les problématiques et besoins multiformes de leur secteur, être le trait-d’union permanent du secteur auprès des partenaires gouvernementaux, publics, économiques et sociaux pour remonter les doléances, accompagner par la réflexion (et en force de proposition) la politique sectorielle définie de connivence avec les pouvoirs publics.
Elles encadrent la mise à niveau des entreprises du secteur et la montée dans la chaîne des valeurs.Ainsi, les associations sectorielles statutaires tout comme la confédération sectorielle impulsent une nouvelle dimension à la relation corrélative Etat-Secteur privé et au triptyque Etat-Secteur-Formation professionnelle.Il est important de préciser que dans ma réflexion, les associations sectorielles statutaires peuvent être des associations professionnelles, des entreprises, des groupements d’intérêt économique, des coopératives et des chambres professionnelles.Des progrès transversaux pour une émergence inclusive.
En mettant les acteurs eux-mêmes devant la responsabilité de travailler à réorganiser leur secteur tout en leur garantissant tout l’accompagnement multidimensionnel nécessaire, l’Etat accomplit un progrès dans la relance économique, par secteur interposé. Il aide les acteurs à s’approprier pour de vrai leur secteur, à rompre avec l’autarcie, à tendre vers des synergies créatrices de plus de valeurs, à rationaliser leurs énergies pour l’efficacité et à se réorganiser pour de bon.
Avec un maillage économique, c’est tous les secteurs qui passent à la trappe de cette nouvelle dynamique organisationnelle bénéfique. Si tous les secteurs sont recadrés, les champs rationalisés et eux-mêmes réorganisés (organisation de base relative), il sera facile d’asseoir la confédération générale des entreprises, là encore avec une responsabilisation en son sein des présidents de fédérations sectorielles qui y deviennent des vice-présidents.
Cheikh Mbacké SENE
Expert en Communication stratégique, Veilles & intelligence économiqueDoctorant en administration des affairesau School of Business and Economics, Atlantic International University (Hawaï, USA)Ancien Conseiller Technique au Ministère de l’urbanisme, du logement et de l’hygiène publique et au Ministère de la jeunesse