Dans le théâtre complexe de la politique, la question de la vérité et du mensonge occupe une place centrale et soulève des enjeux éthiques, épistémologiques et sociaux fondamentaux.
La parole du mensonge, utilisée comme outil de manipulation et de pouvoir, se confronte au mensonge de la parole, qui altère la confiance et la légitimité du discours politique. Entre ces deux pôles antagonistes se dessine une dialectique subtile qui interroge la nature même de la vérité et de la réalité dans l’espace public.
Le mensonge politique, sous ses différentes formes et manifestations, est une pratique ancestrale qui remonte aux origines mêmes de la démocratie. Les politiciens, soucieux de conquérir et de conserver le pouvoir, ont souvent recours à la manipulation des faits, à la dissimulation de la vérité et à la construction d’un discours fallacieux pour servir leurs intérêts personnels ou partisans. Cette instrumentalisation de la parole du mensonge soulève des questions fondamentales sur la légitimité du pouvoir et la responsabilité des gouvernants envers les gouvernés.
Pourtant, le mensonge de la parole politique ne réside pas seulement dans les discours mensongers des dirigeants, mais aussi dans la distorsion plus subtile de la réalité par le biais de la rhétorique, de la propagande ou de la manipulation des émotions et des opinions publiques. Cette forme de mensonge, insidieuse et pernicieuse, mine la confiance des citoyens dans les institutions démocratiques et fragilise le lien social qui repose sur la sincérité et la transparence.
Face à ces défis, il est impératif de repenser la relation entre la vérité et le pouvoir en politique. Platon, dans sa célèbre allégorie de la caverne, nous invite à rechercher la vérité au-delà des apparences et des illusions du monde sensible. Pour Hannah Arendt, la vérité politique réside dans la capacité des individus à penser par eux-mêmes et à exercer leur jugement critique face aux discours mensongers et démagogiques.
Ainsi, la lutte contre le mensonge politique ne peut se limiter à une simple dénonciation des mensonges ou à des réformes institutionnelles. Elle doit s’accompagner d’une éducation citoyenne à la pensée critique, à la délibération publique et à l’exigence de vérité et de transparence de la part des gouvernants. En cultivant la vertu de la vérité et en promouvant une culture politique de la sincérité et de l’intégrité, nous pourrons espérer réconcilier la parole politique avec la vérité et restaurer la confiance des citoyens dans leurs représentants et institutions.
Cheikh Tidiane KANDE
Acteur politique