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« Dire et ne pas dire, l’implicite et le présupposé » (Par Alioune Tine)

Les autorités doivent réexaminer leur communication, car il y a trop de couacs, trop de fronts, et des colères émergentes. L’impression d’impréparation aux fonctions éminentes d’exercice du pouvoir d’État est de plus en plus manifeste. Nous avons un contexte politique propice aux tensions, aux polémiques, aux malentendus, aux disputes, bref on assiste à un malaise ambiant, palpable.

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L’État doit absolument veiller à restaurer la sérénité, à l’intercompréhension et de privilégier le dialogue aux polémiques inutiles. Les autorités de l’État devraient elles-mêmes prendre les initiatives idoines pour créer toutes les conditions requises pour qu’il soit mis un terme à une polémique inutile. Les questions de foi et de croyances mobilisent plus les émotions que la raison. Ce sont des débats passionnels qui peuvent vite déraper.

Le Sénégal est un pays où le dialogue et les rapports sociaux entre les musulmans et les catholiques sont exemplaires. Les autorités politiques doivent les renforcer. D’ailleurs, il faut reconnaître que les autorités actuelles l’ont fait. La polémique actuelle est née des présupposés et malentendus liés aux contentieux sur la question du voile vidée en 2019, par le dialogue. Le malentendu actuel a pour source les déclarations « polémiques  » du Premier ministre, perçues comme une « provocation » par nos frères chrétiens.

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Cette sortie peut être réglée par le dialogue et la concertation avec les protagonistes. Il faut le faire maintenant, l’initiative doit émaner de l’État. L’église est toujours disponible pour le dialogue et la paix civile. Les autorités de l’État doivent réexaminer leur communication, car il y a trop de couacs, trop d’incompréhensions, trop de fronts, et des colères émergentes.

La désillusion frappe à la porte.La révolution démocratique et sociale que nous avons vécue a mobilisé tous les segments de la société qui ont manifesté un immense désir de changement, exceptionnel sur toute la ligne et une confiance sans limites aux jeunes leaders politiques actuels et en tête Ousmane Sonko. Sans Sonko, Diomaye ne serait jamais président de la République, c’est tout le sens de Diomaye moy Sonko.

C’est aussi l’émergence d’un hyper-Premier ministre, avec un hyper-pouvoir auquel Sonko, mais aussi les Sénégalais ne sont pas préparés. L’impression d’impréparation, d’inexpérience, aux fonctions éminentes d’exercice du pouvoir d’État est de plus en plus manifeste. Notamment dans un contexte révolutionnaire complexe, avec un héritage politique, démocratique et dans le domaine de la gouvernance catastrophique. Que le gouvernement n’arrête pas de ressasser mais le peuple qui a chassé le régime de Macky Sall, en a déjà pris acte.

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Le contexte actuel exclut le management en surplomb, management du confinement gouvernemental, qui tient tous les citoyens à distance, qui communiquent peu ou pas du tout avec les citoyens et acteurs sociaux.Dans cette situation, le Premier ministre Ousmane Sonko a un rôle bien ingrat, il travaille énormément et reçoit tous les coups, il faut le reconnaître, et cela peut avoir un impact sur les affects.

Il doit ouvrir des fenêtres d’opportunités de conversation avec les auteurs et citoyens en détresse.Tout cela se comprend dans le contexte exceptionnel dans lequel ils ont pris le pouvoir : de la prison au Palais.Pour dire que tout ne fait que commencer, tout peut être amélioré avec les interactions sociales tous azimuts avec les citoyens et les acteurs sociaux en détresse, tout peut être redressé. Comme je l’ai dit et répété, il faut mettre la société en mouvement.

Les attentes sont très fortes. L’espoir suscité par ceux qui ont terrassé le régime de Macky Sall est encore là, mais on assiste à la naissance de doutes et d’une impression de désenchantement.Il faut rapidement en prendre acte et rassurer les gens. Réviser la communication du gouvernement, restaurer la confiance et l’espoir.

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NB : Le titre est emprunté à Oswald Ducrot, philosophe et linguiste.

Par Alioune Tine

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