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La presse sénégalaise : un grand corps malade qui souffre de plusieurs formes d’infections virales (Par Cheikh Tidiane KANDE)

La presse sénégalaise, autrefois considérée comme un pilier fondamental de la démocratie et de la liberté d’expression, fait face à une série de défis qui compromettent son rôle essentiel dans la société.

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En effet, le paysage médiatique est aujourd’hui marqué par un parti pris flagrant, un clientélisme rampant, une corruption endémique et un militantisme politique qui sapent son intégrité et son indépendance…

De nombreux organes de presse ont cédé aux sirènes du partisanisme, remplaçant l’objectivité par des narrations biaisées qui ne servent que des intérêts politiques spécifiques ou des groupes économiques. Cette tendance non seulement altère la vérité mais crée également une fracture dans la confiance du public envers les médias. Les journalistes, au lieu d’informer de manière équilibrée, se retrouvent souvent en position de propagandistes, alimentant ainsi des divisions au sein de la société.

Le clientélisme est une réalité déconcertante dans le secteur médiatique sénégalais. Les médias se voient souvent contraints de se plier aux exigences de financiers, qu’il s’agisse d’officiels gouvernementaux, d’entrepreneurs influents, ou de partis politiques. Cette dynamique crée un conflit d’intérêts où les reportages sont façonnés non pas par les nécessités d’une information juste et complète, mais par le besoin de garantir des financements. Les conséquences sont désastreuses pour l’impartialité d’une presse qui devrait être le gardien de la démocratie.

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La corruption est devenue un fléau qui ronge le tissu même des médias sénégalais. Les pots-de-vin pour étouffer des scandales ou pour publier des informations biaisées sont désormais monnaie courante. Les journalistes se retrouvent souvent pris dans une mêlée d’intérêts personnels et professionnels, mettant en péril leur intégrité et celle de leurs institutions. L’absence d’une éthique solide et de mécanismes de contrôle adéquats permet à cette corruption de prospérer, s’éloignant ainsi des normes professionnelles établies.

Le rôle traditionnel de la presse en tant que quatrième pouvoir est gravement compromis par le militantisme politique croissant parmi les journalistes. Au lieu d’adopter une position neutre qui favoriserait un débat démocratique éclairé, certains professionnels de la presse choisissent d’endosser des capes politiques, nuisant à leur crédibilité. Ce phénomène est non seulement préjudiciable à la profession mais également à l’ensemble du discours public au Sénégal.

Des organisations telles que le Cored (Conseil pour l’Observation des Règles d’Éthique et de Déontologie) ont pour mission de garantir le respect des normes déontologiques dans le paysage médiatique. Cependant, les violations de ces règles se multiplient, témoignant d’une impunité qui fragilise encore davantage la pratique journalistique. Le Code de la presse, censé protéger l’intégrité des médias, est souvent ignoré, laissant la voie libre à des abus en tout genre.

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La presse sénégalaise se trouve à un carrefour décisif. Si elle ne parvient pas à se réformer et à s’affranchir des entraves du clientélisme, de la corruption et du militantisme politique, elle risque de perdre non seulement son autonomie, mais également sa capacité à servir de contre-pouvoir, essentielle à toute société démocratique.

Un appel à une prise de conscience collective s’impose, tant parmi les professionnels des médias que chez les consommateurs d’information, afin de rétablir la confiance dans un système médiatique qui devrait avoir pour vocation d’informer, d’éduquer et de rassembler.

Cheikh Tidiane Kandé

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