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« Oui Président, gardons-nous de bâtir une République des juges, mais gardons-nous aussi de bâtir une République des inspecteurs des impôts et domaines ! »

Lors de votre allocution d’ouverture du dialogue national consacré à la justice ce matin au Cicad, Monsieur le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye vous avez invité les participants de se garder, après concertation, « de bâtir une République des juges », car, dites-vous « la démocratie étant le pouvoir du peuple, par et pour le peuple ».

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Votre discours nous a rassuré dans son ensemble en attendant de voir sa matérialisation. C’est donc un discours qui répond pour l’instant à plusieurs attentes et préoccupations que nous avons soulevées. Il ne faudra surtout pas créer une justice des revanchards, mais qu’elle soit renforcée, afin qu’elle puisse corriger ses manquements pour le bien du peuple et pas pour protéger ou permettre aux nouvelles autorités de mieux l’utiliser contre les opposants.

En outre, le Monsieur le Président de la République, au regard de vos nominations, on a constaté un nombre inédit et sans conteste d’inspecteurs des impôts et domaines dans votre gouvernement et dans vos directions. D’abord vous Président IID (Inspecteur des Impôts et Domaine) et votre Premier ministre aussi IID. Vous tous anciens opposants farouches du régime sortant, une guéguerre qui tire ses racines de vos luttes syndicales.

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Ainsi, l’on trouve que votre mise en garde soulève des interrogations essentielles sur le rôle et les limites du pouvoir judiciaire et administratif dans une démocratie.

Au demeurant, nous pensons que d’un côté, il est primordial que le système judiciaire soit indépendant et puisse exercer pleinement son rôle de garant des libertés et des droits de chacun. Une « République des juges » où la justice deviendrait une sorte de contre-pouvoir omnipotent serait cependant dangereuse, car elle risquerait de court-circuiter la volonté du peuple et l’équilibre des pouvoirs.

De l’autre, l’administration fiscale et domaniale joue un rôle crucial pour assurer la juste répartition des charges publiques et la bonne gestion du patrimoine collectif. Mais une « République des inspecteurs » où ces fonctionnaires disposeraient d’un pouvoir discrétionnaire excessif soulèverait également des inquiétudes. Cela pourrait engendrer des abus, une bureaucratie tentaculaire et une intrusion inacceptable dans la vie des citoyens.

L’enjeu est donc de trouver le bon dosage, où le pouvoir judiciaire et administratif rempliraient pleinement leurs missions, tout en restant soumis au contrôle démocratique. Cela passe par le renforcement des contre-pouvoirs, d’une part, et par une redéfinition des prérogatives, d’autre part.

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Au final, la République idéale serait celle qui saurait concilier l’État de droit, la justice indépendante et une administration efficace, tout en préservant les libertés fondamentales et la souveraineté populaire. C’est un défi permanent pour les dirigeants et les citoyens, qui nécessite un équilibre subtil et vigilant.

Par Cheikh Tidiane Kandé, Républicain, Patriote et démocrate Africain.

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